Une histoire d’amour ça commence souvent par hasard…
Au détour d’un chemin, alors que je m’arrêtais pour refaire mon lacet, je l’aperçu. Elle se balançait, nonchalamment, sur un fil accroché à une grande herbe recourbée, là, juste au bord du talus, au vu et au su de tous..
C’était une épeire des bois ou épeire à feuille de chêne, de son nom savant Aculepeira ceropegia, (cf la fiche descriptive dans mon carnet virtuel).
Cela faisait bien une dizaine de jours que je traquais de toutes petites araignées, allongé dans l’herbe mouillée durant des heures, à observer leurs toiles et à espérer qu’elles voudraient bien se montrer devant mon oeil macroscopique…Le plus souvent, je les distinguais à peine, prudemment tapies en retrait de leur toiles et s’arrangeant toujours pour ne pas apparaitre franchement devant mon objectif inquiétant…
Et elle, elle se dévoilait, sans pudeur, juste devant mes yeux… Je fus frappé par sa beauté qui étincelait dans la lumière du couchant.
Mais je fus surtout fasciné par sa grâce et sa légèreté. Elle se déplaçait le long de son fil de soie avec une précision incroyable :
Mais le soir arrivait et je me résignais à abandonner ma nouvelle petite amie, me promettant de revenir le lendemain, en espérant qu’elle serait toujours là…
Le lendemain matin, je me levais tôt, tout excité par la perspective de la retrouver. Je me demandais si elle me ferait encore don de ses charmes où si, effarouchée par mon audace et mon empressement, elle serait revenue à plus de pudeur et de retenue devant mon objectif…
La belle était toujours là !
Mieux, elle était encore couchée dans son lit recouvert d’une couette de perles de rosée…Je pris cela pour une invitation et déballais mon matériel…
Galamment, je détournais le regard alors qu’elle sortait de sa couche.
J’en profitais pour regarder l’ensemble de sa chambre, profitant que la lumière du petit matin et la rosée me permettait de la voir dans sa totalité.
Hélas, pris par mon impatience à la retrouver , je n’avais pas pensé à apporter les croissants…Elle devait me trouver bien fat !
Heureusement, son garde manger était bien pourvu et c’est elle qui apporta le repas. Au menu ; fourmi volante faisandée. Hum !
Évidement, la belle était assez goulue et ne mangeait pas forcément de manière très distinguée, mais je n’en perdais pas une miette..
Ce festin attira même des pique-assiettes sans doute alléchés par le menu :
Et je crus même un instant, qu’elle allait les rajouter au déjeuner…
Mais la belle était rassasiée et rejoignit sa couche, me signifiant mon congé…Elle était un poil rancunière et n’avait apparemment pas apprécié que je ne lui amena point de petit cadeau..
Elle me permit néanmoins, avant de partir, de jeter un oeil sur des parties de son anatomie qui me fascinèrent…
Alors que je parcourais le chemin, l’âme en peine, me disant que j’étais responsable de ma disgrâce, j’aperçus une autre belle !
Elle se tenait là, alanguie sur un immense édredon moelleux et me faisait largement profiter de ses charmes…
Mais la belle me parut fort mercantile et je la voyais qui m’observais pour voir si j’avais un petit cadeau volant pour elle…Elle avait même un regard inquiétant…
Je m’empressais donc de faire machine arrière et je ressortis de son boudoir non sans claquer vivement la porte, ce qui provoqua une belle pagaille dans sa couche…
Et je m’en retournai vers ma pauvre mansarde sous les toits, cherchant un peu de réconfort dans la compagnie de la lune mais le ciel, à l’égal de mon âme, était fort tourmenté…
Le lendemain matin, à l’aube, je me précipitais devant les pénates de ma merveilleuse amie. Elle était toujours là, profitant des rayons mordorés du soleil naissant. Mon cœur battit plus vite et je m’avançais rêvant d’une nouvelle familiarité…
Hélas, je compris très vite qu’elle ne me ferait plus cadeau de ses familarités si touchantes ; point de nouveau repas à partager, plus d’acrobatie pour me dévoiler ses charmes secrets…
Tout juste pouvais-je l’apercevoir perchée sur son fil de soie : elle m’avait déjà oublié et, peut être, remplacé par un amant plus généreux….
Je restais néanmoins de longues heures à l’observer, immobile, espérant un nouveau signe, mais en vain…Il me restait plus qu’a contempler de loin sa somptueuse beauté dans les couleurs vives de la matinée…
C’est déjà pas si mal et bien des amants ne peuvent en dire autant…
Et puis, il me restait à tenter de séduire les pollinisatrices, les mouches et les sauterelles qui peuplent la prairie, pour qu’elles viennent s’exposer devant mon engin…
Mais c’est une autre histoire que je vous raconterai sans doute, un jour prochain…
PS : Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’épeire des bois,vous pouvez aller consulter sa fiche sur mon nouveau carnet de terrain virtuel : Lien vers le carnet. Il est encore en phase de lancement mais la fiche de l’épeire des bois est faite : vers fiche de l’épeire des bois. Mais je vous préviens, l’amour et l’émerveillent y laissent la place à la science…
Et sinon, vous pouvez voir ces photos et d’autres d’araignées, en diaporama et en bonne résolution dans ma base de données photos : lien vers la base photos
Encore de belles photos !! dis, tu fais les mariages, les anniversaires et les bar-mitsva aussi ??