H9 : Épilogue

Flo à l’Hosto, épisode H9 :  Épilogue

Il y a un mois, je rentrais à l’hôpital de Valence avec mon sac africain sur l’épaule, pour ce que je pensais être un simple examen de routine (cf épisode H1) …

Un mois c’est court dans une vie mais, parfois, certains sont plus marquants que d’autres…Ma vie a t’elle changé pour autant ? Je ne saurais le dire…

Ce que je sais, c’est que j’ai la chance d’être encore en vie et suffisamment d’attaque pour en reprendre le cours en main. Et puis, un tel séjour vous pousse, par définition, à regarder autrement votre réalité et celle des gens que vous y rencontrez.

C’est l’avantage des séjours prolongés à l’hôpital : on y croise des gens qui ont tellement morflé qu’on se dit qu’on est un privilégié avec sa petite opération à coeur ouvert… Pour exemple, nous partagions notre bâtiment avec la rééducation orthopédique et côtoyer un jeune de 17 ans à qui on vient de couper une jambe, ça vous aide à relativiser…

Ce fut également l’occasion pour moi de partager mon quotidien avec nombre de personnes de 60 à 85 ans, ce qui n’est pas si fréquent. Et quand vous discutez avec un papy de 83 ans qui vient d’être opéré comme vous, et qu’il vous raconte qu’il a déjà perdu sa femme et ses deux enfants et que vous le voyez faire face avec une grande dignité à tous ces coups du sort, vous ne pouvez vous empêcher de vous demander si vous auriez autant de force morale à sa place…Respect l’ancien !

C’est aussi l’occasion d’amitiés inhabituelles avec des gens que je n’aurais peut être pas découverts en temps normal. Bien sûr, on ne s’était pas choisis mais ça n’a pas empêché que l’on s’apprécie et qu’on se soutienne au quotidien…Spéciale dédicace à Jacky le chauffeur routier, Alain l’ancien contrôleur de la Sncf, Patrick l’ex chef de chantier, Daniel des Hautes alpes et Da Souza le maçon portugais..Je ne vous oublierai pas les gars.

Évidemment, l’hôpital c’est le lieu où l’on côtoie une cohorte d’intervenants médicaux, du chirurgien star des pontages à l’assistante ménagère qui nettoie votre salle de bain. De manière générale, je n’ai croisé quasiment que des gens dévoués et compétents, essayant de faire au mieux pour vous remettre sur pieds. Et ça n’est pas toujours facile, surtout quand on tombe sur des loustics comme moi qui veulent comprendre et qui posent sans cesse des questions…

Je garderai notamment un excellent souvenir de l’équipe de kinés et de préparateurs physiques qui, au delà de bien faire leur boulot, répondaient à mes questions…Voire même, transmettaient des messages aux médecins sur les autres problèmes que ceux liés au coeur…Et quand on a une névralgie dans le coup et l’épaule, c’est pas du luxe…Un grand merci donc à Christophe, Yohan, Cécile et Sébastien.

Bien sur, j’aurais préféré qu’on me prenne un peu moins pour l’idiot moyen, incapable de comprendre ce qu’il a vraiment et à qui il vaut mieux ne pas trop donner de détails sur son état car c’est anxiogène…Ça n’a l’air de rien mais c’est vraiment pénible et dévalorisant, même si on n’a pas fait des années de médecine…

J’aurais bien aimé également qu’on ne me parle pas trop à la 3ème personne (« Il a bien dormi cette nuit? »), surtout quand on ne me regarde même pas en le disant…

Et puis, il y eu la diététique et les menus….Je sais bien que se plaindre de la bouffe est le sport national français et que ça meuble les conversations à table mais, dans le cadre d’un séjour de rééducation cardiaque, j’avais parfois l’impression de toucher le fond de l’absurdité.

En effet, sachez le, si vous vous retrouvez un jour avec un problème cardiaque, ce sera de votre faute…Fallait pas fumer, boire, manger gras, salé ou sucré, avoir de l’hypertension ou du cholestérol et arrêter le sport intensif. Bien sur, tous ces facteurs interviennent dans le déclenchement des maladies mais la culpabilisation est parfois très poussée et les solutions proposées, très réductrices…

Par exemple, pour le cholestérol, c’est forcément à cause de votre alimentation. On évacue très vite la raison principale qui est souvent liée à un dysfonctionnement du foie…Mais bon, c’est logique qu’on se concentre que sur les éléments sur lesquels on peut facilement agir, y compris pour les médecins….

Mais là ou vous perdez le fil, c’est quand vous voyez les menus qui vous sont servis….Et force est de constater qu’il y a un fossé (« …Que dis-je, une péninsule ! ») entre la théorie et la pratique…Je pourrais multiplier les exemples quasiment à l’infini mais je me contenterai de noter qu’il aura fallu que j’attende 12 jours pour qu’on me serve pour la première fois de la salade verte…Et pour un fan de Lactuca sativa comme moi, ça ressemble presque à une punition….

D’ailleurs, la prochaine fois que je serai hospitalisé, je signalerai que je suis végétarien ; c’est pas que les menus seront meilleurs mais ça m’évitera de consommer des protéines animales à quasiment tous les repas…Et tant pis si ça ne me permet pas d’éviter la cure de potage Crécy (cf épisode H7)…

Et puis il y eu vous toutes et vous tous

Vos messages, vos mails, vos témoignages enregistrés, vos sms, vos commentaires sur le blog, toutes ces petites attentions qui me prouvaient que j’existais encore pour vous… Voire que j’existais tout court…Ça m’a plus aidé à remonter la pente que tous les traitements médicamenteux qu’on m’a prescrits…Donc merci à tous, je vous aime…

Au final, que me restera t’il de ce séjour au moment de reprendre le cours de ma vie ? L’impression d’un épisode qui marquera mon parcours, avec un avant et un après l’opération. Le sentiment de m’en être bien tiré avec le minimum de dégâts et d’impacts sur ma santé.

Et puis l’envie forcenée de ne pas y revenir, d’essayer de faire mon maximum pour ne pas subir à nouveau une telle opération…Et tant pis pour ceux qui espéraient que j’écrive un jour la saison 2 de Flo à l’Hosto…

Je vous rassure, je ne vais pas pour autant renoncer au cassoulet de Castelnaudary, à la téquila gold, au Fitou, au Royal au chocolat et aux fiestas avec les potes, mais je vais essayer de faire un peu durer la bête…

Histoire que tout ce parcours à l’hosto ait servi à quelque chose !

4 thoughts on “H9 : Épilogue

  1. Il y a des histoires que je préfère lire en commençant par la fin, parce qu’au moins, je sais qu’elles se terminent bien et que le début en devient tout de suite plus supportable. Je te reconnais bien là en roc catalan que tu es : ne pas faire les choses à moitié…donc allons-y pour un triple pontage ! Tu me permettra d’avoir éludé la lecture de certains passages qui pourraient réveiller mon hypochondrie. La vie est faite de renaissances ; tant qu’à faire, tu viens de te taper une belle tranche de catharsis. Les histoires qui finissent bien m’inspirent, et je sens que je vais composer un « crécy soup blues », ou un truc du genre.
    J’ai bien cherché, mais j’ai pas vu de photos des infirmières…Porte toi bien. A bientôt dans tes belles montagnes ou ailleurs.

  2. Disons que pour une vieille carne de 50 ans ,tu t’es sorti de là avec panache et tu as réussi, en si peu de temps, à te faire connaitre des autres personnes que tu n’as jamais vu, mais qui eux te connaissent de réputation. A plus sur le plateau.

  3. Quoi ? des tétons plus irrigués ? Un effet pervers du potage Crécy ?

    Au risque de paraître un rien malotru, je dois avouer que je me suis bien marré à lire la série et j’avais même presque hâte de découvrir la suite … comme par exemple savoir si enfin tu allais bouffer un biceps de nutritionniste pour vérifier quelle quantité de protéines animales ça pouvait contenir … mais non rien d’aussi extrême dans l’expérimentation finalement …

    Sans aller jusqu’à souhaiter une saison 2, je concède volontiers que quelques épisodes intermédiaires avec des descriptions supplémentaires sur les PNJ auraient été bienvenus … j’aurais par exemple apprécié de connaître l’étendue de la détresse de cette infirmière entrant pour la première fois en contact avec la légendaire pilosité de la Montagne Noire … s’est-elle finalement reconvertie dans la culture des radis ??

  4. Je te rassure on se passera bien plus facilement de la saison deux que de l’album photo des 60ans de Flo. J’ai hâte de te revoir à Lans avec le sourire que tu n’as que là haut.
    Je suis contente que cette web série finisse, et je trépigne d’impatience en me demandant à quoi ressembleront tes prochaines histoires.
    Merci de ne pas nous avoir tenus éloignés de ce moment de vie même si il était éprouvant pour toi.
    Et puis donne nous vite des nouvelles de tes tétons qui ne sont plus irrigués!!!!

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