Comme deux étoiles jumelles
Com dos estels bessons, i que s’encalcen
mentre repta la nit
i tota cosa muda la pell vella
i es fonen els confins,
apropem-nos: no juguis
a fer-me por sotjant
des del llindar, ni et posis la disfressa
d’ogre, d’home del sac,
d’esvoliac dins de la meva sina,
o d’esparver reial.
Deixa, fora porta, velles armes
que et feien guerrer
i ara et veuen vençut, deixa les taules
on es glaçà la llei.
Abandona el teu nom
fins que jo trobi el meu.
No diguis cap paraula,
jo no tinc llengua.
No te m’amaguis dins l’armari
com un delicte obscur
ni pesis amb les balances
el meu amor de doble tall.
—-
Comme deux étoiles jumelles
qui se poursuivent en défiant la nuit,
Comme toute peau abandonne sa vieille mue
et comme se fondent les frontières,
rapprochons-nous.
Ne joue pas à me faire peur
en me toisant du seuil,
ne revêt pas ton costume d’ogre,
de pillard, d’épervier royal
ou de chauve-souris dans mon sein.
Laisse, devant la porte, les vieilles armes
qui te faisaient guerrier
et maintenant te voient vaincu,
laisse les tables où la loi est figée.
Abandonne ton nom
jusqu’à ce que je trouve le mien.
Ne dis pas la moindre parole
car je n’ai pas de langue.
Ne te cache pas dans l’armoire
comme après un obscur délit.
Ne soupèse pas dans la balance
mon amour à double tranchant.
—–