L’affut de Printegarde

Ceux qui suivent mes petits reportages photos savent que depuis un an, je passe nombre de mes week-ends et temps libres à la réserve naturelle de Printegarde (26).

Là, entre Rhône, Drôme et Petit Rhône, beaucoup de lieux se prêtent admirablement à l’observation et à la photographie d’oiseaux.

Parmi tous ces petits coins de paradis, j’ai particulièrement jeté mon dévolu sur un espace en bordure de la rivière Drôme, entre la passe au poissons de Livron et le pont de la Via Rhôna.

La présence de la ripisylve, de gravières, de roselières, d’îlots sur la rivière, de petites criques et d’arbres et souches émergeant de l’eau, en font un lieu propice pour y observer nombre d’espèces qui viennent profiter de la diversité de ces milieux.

A l’automne dernier, j’avais donc décidé d’y installer un affut. Oh, n’allez pas vous imaginer une cabane sophistiquée mais plutôt un rideau végétal ou une palissade faite de bois morts assemblés sommairement.

En général, j’y rajoute quelques filets de camouflage et le tour est joué !

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Bien sur, cet affut n’offre pas une dissimulation totale aux regards perçants des oiseaux mais, si on reste suffisamment immobile, ils ne nous voient presque pas et s’approchent parfois à moins de 10 mètres.

Voici d’ailleurs quelques photos prises entre 5 et 20 mètres (cliquez sur une des photos pour les avoir en grand):

Et puis au delà du spot photo, c’est surtout un lieu apaisant où j’aime bien me fondre dans le milieu et, au fil des heures, me vider la tête et oublier le reste du monde…

C’est pourquoi, lors de ce week-end de début août, accompagné de l’ami Alain Ji, j’approchais du lieu avec allégresse.

Et là, douche froide !

Notre affut avait été entièrement saccagé, démoli et les troncs et branches jetés à la rivière :

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Pour Alain et moi, ce fut d’abord la stupeur devant ce spectacle…

Puis l’incompréhension :  qui pouvait avoir fait ça et pourquoi ? Les gestionnaires du site ? Des chasseurs éliminant la concurrence ? Des pêcheurs voulant récupérer ce coin ? des écolos ayant pris notre affut pour une hutte de chasseurs ? Des baigneurs cherchant la tranquillité loin des regards ? Des gamins ? Des fêtards ? Des simples abrutis ?

Et enfin, le découragement : tant d’heures passées à l’améliorer petit à petit qui tombent, littéralement, à l’eau…

Mais, passé ce 1/4 d’heure d’abattement,  nous décidâmes de le rebâtir ! Et encore plus fonctionnel qu’avant, non mais !

La première tâche consista à essayer de récupérer les troncs et grosses branches qui flottaient encore à proximité :

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Alain se mouilla, au sens propre, en prenant un bain de pieds pour tenter de les rattraper avec une gaffe improvisée, tandis que je les hissais sur la berge.

Et, petit à petit, au fur et à mesure de la récupération des bois flottants, le moral et même la bonne humeur nous revenait…

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Ce travail nous prit une paire d’heures mais nous réussîmes à récupérer la majorité des bois de la structure. N’ayant aucun outil avec nous, nous décidâmes de revenir plus tard, avec tout ce qu’il fallait pour le remonter.

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Or donc, le surlendemain, armés de scies, sécateurs et ficelle, nous attaquâmes le chantier avec entrain, profitant du grand soleil de ce début août.

Le principe que nous nous sommes donnés, c’est de ne couper aucun arbre ni branche mais de récupérer que du bois tombé aux alentours.

Et, au delà de tous les arbres que les intempéries couchent régulièrement, nous fumes bien aidés par la découverte des œuvres d’un castor, qui nous avait gentiment abattu un arbre à proximité…

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Il ne restait plus qu’à découper et ajuster les branches à la bonne taille.

Je dois reconnaître qu’Alain est bien meilleur bricoleur que moi et aime bien faire des choses solidement. C’est sur, sans lui, le chantier aurait été beaucoup plus sommaire…

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Une fois les bois découpés, nous pûmes commencer à les ajuster pour bâtir la structure.

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Le seul élément « exogène » que nous utilisons c’est de la ficelle afin de consolider la fixation des croisillons :

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Au fur et à mesure de la matinée, la structure se monta lentement :

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Une fois celle-ci terminée, nous entreprîmes de la couvrir de branchages garnis de feuilles :

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Petit à petit, notre abri commençait à prendre forme :

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Nous améliorâmes également la fenêtre d’observation, en prévoyant à la fois un champ de vision large et des endroits pour accrocher les filets de camouflages, destinés à finir de nous dissimuler

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Nous rajoutâmes en guise de touche finale, un écriteau sommaire (et attaché avec des liens naturels…) pour informer de la nature de cet abri et éviter les incompréhensions. Nous avons d’ailleurs l’intention d’en réaliser un autre plus durable…

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Il ne nous restait plus qu’à tester notre nouvel affut :

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Tout en profitant allégrement de notre nouvel abri pour observer la vie de la rivière, nous nous disions que ce serait intéressant de se regrouper avec tous les autres photographes qui fréquentent le site et de créer une association (exemple : l’Association des Photographes Animaliers de Printegarde ?).

Au delà du partage de nos expériences et de notre amour de ce site extraordinaire, peut-être cela nous permettrait-il d’avoir une existence légale et de faire une demande officielle auprès des gestionnaires du site, pour bâtir un ou deux affut photographiques permanents afin de faire découvrir le site à d’autres amateurs de faune sauvage…

Donc, si l’idée de ce projet vous intéresse, n’hésitez pas à laisser un commentaire en bas de page…

Et peut-être à bientôt à notre affut pour profiter de la magie de Printegarde…

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Épilogue :

Quelques jours plus tard, alors qu’Alain était seul à l’affut, il fut apostrophé et menacé par un individu armé d’un bâton et se promenant à poils…

Ses propos étaient décousus mais, en substance, Alain comprit qu’il cherchait à l’effrayer pour le faire déguerpir. Peut être craignait-il qu’on ne le prenne en photo durant ses séances de bronzage en simple appareil…

Il était sur la point de traverser pour aller au contact avec Alain quand, inopinément, arrivèrent deux gars équipés de détecteurs de métaux pour chercher les vestiges du passage de l’armée allemande en aout 1944.

Leur présence inquiéta l’individu qui fit demi-tour, non sans avoir menacé Alain de représailles sur sa voiture et de revenir à plusieurs s’occuper de lui…

En tous cas, cela levait vraisemblablement l’interrogation sur le responsable de la destruction de notre affut…

De retour chez lui, Alain m’appela et nous allâmes ensemble le lendemain sur place, persuadés que nous allions retrouver notre affut à nouveau entièrement détruit.

Bonne surprise, notre construction était intacte et rien n’avait été abimé. Peut être notre panneau avait il rassuré l’individu sur nos intentions : nous avons l’habitude de photographier de drôles d’oiseaux mais à plumes, pas à poils…

Ces péripéties nous ont fait réfléchir et nous ont encore renforcés dans l’idée de créer cette association pour officialiser notre présence.

Pour nous, tous ceux qui aiment et respectent le site ont leur place à Printegarde et nous sommes prêts à expliquer notre démarche et à faire partager notre passion de l’observation naturaliste (et pas naturiste…).

Mais nous ne pouvons pas grand chose contre ceux qui veulent s’accaparer la nature pour leur usage exclusif…Si ce n’est discuter avec eux, encore et encore…

Après, comme disais Brassens, « Quand on est con, on est con !« .

Et la connerie, ne fait pas partie de nos sources d’inspirations photographiques…

 

 

8 thoughts on “L’affut de Printegarde

  1. Bonjour, ce post est-il tjrs d’actualité ? Je suis photographe animalier et aime parcourir cette réserve.

  2. Très intéressant ce petit reportage, belle initiative que de vouloir partager cet endroit avec d’autres photographes, dommage que je sois si loin (Picardie)

  3. Bonjour, et bien si à chaque fois vous le reconstruisez en mieux, tu vas finir par avoir une maison secondaire…

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