Le ragondin

Et encore un mal aimé !

Et lui, actuellement, au rayon des parias, il a le pompon !

Tout le monde se souvient de ces images en marge d’une manifestation (âmes sensibles s’abstenir…), de quelques « agriculteurs » en train de les frapper à grands coups de pieds, pendant que leurs congénères rigolaient grassement du traitement infligé à ces bestioles…

En l’occurence, il s’agit d’un lynchage public sur des animaux sans défense dont la seule faute est d’exister…

Il semble que ces exploitants agricoles (tout un programme…) ne fassent pas la différence entre une autorisation de régulation d’une espèce classée nuisible et le fait de considérer des êtres vivants comme de vulgaires objets sur lesquels on peut se défouler.

Mais plutôt que de polémiquer, essayons de prendre du recul et de considérer avec un peu plus d’objectivité le cas du ragondin.

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Le Ragondin (Myocastor coypus) est un rongeur de la famille des Myocastoridae; Ce n’est donc pas un castor, qui lui fait partie des Castoridae.

Il est vrai que l’on peut aisément les confondre. Mais, hormis sa taille plus petite, la section de sa queue est ronde alors qu’elle est large et plate chez le castor.

On peut dire que la queue du castor ressemble à une pelle et celle du ragondin à une longue lime.

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Il ressemble également beaucoup au rat musqué mais celui ci à une queue ovale et est beaucoup plus petit.

Il pèse en moyenne 7 kg (mais parfois jusqu’à 10kg), mesure environ 50 cm et est doté d’une queue de 25 à 45 cm.

Sa tête est relativement grosse et ses oreilles sont toutes petites, mesurant 2 à 4 cm. Ses narines et ses yeux sont placés en hauteur lui permettant de respirer et de voir tout en nageant.

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Son pelage est brun foncé à brun-roux et légèrement plus clair sur la partie ventrale de son corps et sur ses pattes. L’extrémité de son museau ainsi que son menton sont blancs.

On note la présence de longs poils en forme de moustache et de couleur blanche de chaque côté de son museau (des vibrisses).

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On le reconnaît aisément par ses 4 grandes incisives orange facilement observables, comme chez les castors, mais tirant plus sur le rouge.

Le ragondin possède 20 dents dont 10 sur la mâchoire supérieure et 10 sur la mâchoire inférieure.

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Sur chaque patte antérieure, le ragondin possède 5 doigts munis de longues griffes ; on note que les pattes antérieures ne sont pas palmées.  L’empreinte laissée par cette patte mesure en moyenne 5 à 6 cm de long comme de large.

La patte postérieure du ragondin est palmée sur 4 doigts, laissant un 5ème doigt (externe) indépendant.

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Remerciements à http://animal.cheloniophilie.com pour l’illustration

Sa fourrure est épaisse et imperméable ce qui permet de nager durant une grande partie de son temps.

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Rongeur herbivore, son régime est normalement constitué de céréales, de racines, d’herbes et de glands.

Néanmoins, il s’adapte très vite aux ressources disponibles sur son territoire. Il consomme ainsi une grande quantité de de céréales comme le maïs et le blé. Majoritairement herbivore, il peut toutefois manger des moules d’eau douce.

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Il creuse un terrier de 6 à 7 m le long des berges. Ce terrier possède en général plusieurs entrées, dont une subaquatique.

Le ragondin atteint sa maturité sexuelle vers six mois et es mâles sont actifs sexuellement toute l’année. La femelle a deux ou trois portées par an de cinq ou sept petits en moyenne. Elle les allaite pendant sept à huit semaines.

Fait particulier, ses mamelles sont déportées vers les flancs au lieu d’être placées sous le ventre comme chez la plupart des mammifères, ce qui lui permet de nager avec ses petits accrochés aux tétines.

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Le froid est un facteur limitant et les hivers rigoureux leur sont fatals. L’organisme du ragondin n’est pas adapté au gel comme celui du castor. Lors d’hivers rigoureux, de nombreux ragondins ont la queue qui gèle, ce qui dégénère en gangrène mortelle.

Ce gros rongeur, originaire d’Amérique du Sud, fut introduit en Europe au XIXe siècle pour l’exploitation de sa fourrure bon marché.

Hélas, avec la chute des cours de la fourrure après la crise économique de 1929, de nombreux élevages relâchèrent les ragondins dans la nature.

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Dans les pays où il a été introduit, le ragondin n’a aucun prédateur naturel, tout du moins à l’état adulte, à part le renard roux. Les jeunes ragondins sont parfois les proies de mammifères prédateurs comme la fouine, ou des oiseaux comme le busard des roseaux, la buse variable et la chouette effraie.

Mais, ces prédateurs n’ont rien de comparable avec les caïmans, alligators et autres pumas qui le régulent dans le continent américain.

Résultat : il est désormais présent dans plus de 70 départements français et les populations ont augmenté de manière sensible ainsi que leur impact .

Pêle mêle, on lui reproche aujourd’hui :

  • la dégradation et la mise à nu des berges favorisant leur érosion progressive ;
  • la fragilisation des fondations d’ouvrages hydrauliques par le réseau de galeries ;
  • des dégâts causés aux cultures (céréales, maraîchage, écorçage dans les peupleraies…) ;
  • des menaces sur certaines espèces végétales aquatiques à cause d’une surconsommation;
  • la destruction des nids d’oiseaux aquatiques;
  • ainsi que la possibilité de transmission de maladies telles que la douve du foie ou la leptospirose.

N’en jetez plus !

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Depuis, en France, il est inscrit officiellement sur la liste des animaux susceptibles d’être classés nuisibles.

Dans certaines régions, il a fait l’objet de plans de lutte collectifs, à l’échelle de dizaines de communes. Les méthodes de lutte contre le ragondin sont les mêmes que celles autorisées pour les autres espèces nuisibles : tir au fusil, tir à l’arc, piégeage, déterrage…

L’empoisonnement avec des appâts garnis d’anticoagulants comme le bromadiolone, pourtant interdit depuis 2006, est parfois poursuivi.

Et tout cela ne semble pas vraiment efficace tout en ayant de l’impact sur d’autres espèces.

Pourtant, à l’inverse, lorsque sa densité n’est pas trop importante, cette espèce joue un rôle positif dans l’entretien de la végétation des marais (roseaux, lentilles d’eau).

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Au final, on a un peu l’impression que  cet animal « immigré » est chargé de tous les maux et problèmes du monde agricole de ce début du 21ème siècle…

Si les dégâts qu’il occasionne sont réels, nous ne pouvons oublier notre responsabilité dans sa prolifération et devons assumer sa régulation.

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Mais, cela doit pouvoir se faire dans le respect du à un être vivant, sans infliger de souffrances inutiles ni s’en servir de défouloir en place publique comme aux plus sombres heures du haut moyen âge….

On peut même le trouver beau, et à l’instar de mon ami Alain, se prendre de passion pour lui….

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Sources, liens et remerciements :

Wikipedia

Le documentaire de Catherine Lacroix et François-Xavier Pelletier : Ragondin – Les dents du marais
https://www.youtube.com/channel/UCaCq…

animal.chelionophilie

 

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