Après le week-end photo de début avril à Printegarde (voir le reportage), je ne demandais qu’une chose : recommencer ! Et comme l’ami Alain Ji était du même avis, on n’a pas été long à remettre ça…
Et comme la fois précédente, le WE à Printegarde a commencé…au Port de l’Épervière à Valence…..
Il faut dire qu’Alain était tout excité car les premiers bébés cygnes du port allaient sans doute naître ce week-end…
Comme je l’expliquais dans le précédent reportage, Alain est le grand spécialiste des couples de cygnes de Valence à Printegarde. Avec abnégation (et plaisir…), il les suit et les observe tout au long de l’année et, les naissances, c’est un peu le temps fort de la saison…
A force de les côtoyer quasiment tous les jours, il a développé une forme de familiarité avec certains…
Mais parfois, d’autres en deviennent un peu trop familiers…C’est comme dans les vieux couples, on a parfois du mal à faire la part des choses entre être en demande et être trop exigeant…
Mais,très vite, nous nous dirigeâmes vers le bout de la jetée à l’entrée du port pour voir si le nid le plus avancé avait dépassé le stade des promesses…
Bingo ! Soulevant délicatement son aile protectrice, la femelle nous permit de contempler sa progéniture :
Pas moins de 7 petits cygnes qui observaient intensément leur nouvel environnement…Et, comme dirait ma fille, « ils sont vraiment trôôôôp mignons »…
Pendant qu’Alain continuait à faire le tour des 5 nids du port, je m’intéressais à un embâcle flottant sur le Rhône et que le fort courant était en train de disperser.
En effet, profitant de l’aubaine, une bergeronnette grise faisait son marché, picorant ça et là, des petits insectes :
Après quelques minutes de bons successifs, rassasiée, elle s’installa au soleil pour digérer tranquillement et me laisser admirer à loisir son élégance…
J’étais tranquillement installé sur la rive du Rhône à observer la bergeronnette quand, soudain, j’aperçus une flèche marron et blanche qui traversait à toute vitesse le fleuve, au ras de l’eau; pas le temps de faire de réglages, juste un déclenchement réflexe…
Un chevalier guignette ! Et pas le temps de faire une deuxième photo tant il filait !
J’étais à la fois excité d’avoir pu le photographier en vol et déçu de ne pas avoir pu l’observer plus longuement. Je me disais que ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance de le voir, alors le revoir dans la même journée…Mais n’anticipons pas….
Mais il était temps de quitter le port de l’Epervière et de nous diriger vers la réserve naturelle de Printegarde.
Ce qu’il y a de bien quand on fait la route à deux photographes c’est que le passager peut se permettre de regarder dans les airs ou sur les divers poteaux et fils qui recèlent bien des merveilles…
Après quelques arrêts et détours, nous arrivâmes à l’embouchure du Rhône et de la Drôme, à Printegarde.
Nous nous dirigeâmes d’abord vers l’endroit où j’avais placé mon affut à l’automne dernier. Grâce aux bons soins d’Alain qui l’a amélioré, une armature de bois permet désormais de placer les filets de camouflage :
On est donc relativement bien dissimulé et aux premières loges pour observer la rivière, ses roselières, ses gravières, ses ramières et les oiseaux qui la fréquentent.
Alors que j’observais sur l’autre rive deux aigrettes garzettes qui n’avaient pas l’air pressées de se rapprocher de mon objectif, mon attention fut attirée par un mouvement, juste à quelques mètres devant moi, au bord d’un banc de graviers :
Vous l’avez reconnu ?
Et oui, c’est un chevalier Guignette, de la même espèce que celui que j’avais entrevu fugacement sur le Rhône. Et là, il prenait son temps, picorait dans la vasière, s’arrêtait pour écouter ou se lisser les plumes…
J’eus tout le temps pour le photographier tranquillement :
Le chevalier guignette trottine sur ses petites pattes à la limite de l’eau pour traquer les invertébrés. Toutes sortes d’insectes, des forticules aux papillons, tombent sous son bec effilé. Des araignées, des mollusques et des vers sont également capturés..
Le guignette passe l’essentiel de sa journée à se nourrir, mais consacre quelques instants, au milieu de la journée, au repos et à la toilette de son plumage.
Après avoir écumé toute la rive de ce banc de gravier, il s’éloigna lentement et me laissa tout émerveillé de cette rencontre si proche.
Je me remis à chercher les aigrettes mais elles n’avaient pas l’intention d’imiter le chevalier et risquer de se rapprocher de ma rive…
C’est alors que mon regard fut attiré par des mouvements sur un autre banc de gravier au milieu de la rivière. Deux oiseaux avaient l’air de se chercher, de se courir après, de se fuir mais sans trop se quitter, bref de se draguer…
Le temps de changer mes réglages et, quelle ne fut pas ma surprise de voir…deux bergeronnettes grises en pleine parade de séduction….Décidément, c’est une journée à répétitions….
Après ces manœuvres de séduction, l’approche finale et le passage à l’acte….
Vous aurez remarqué à quel point leur plumage se fond parfaitement avec le milieu dans un mimétisme quasi parfait et qui ne facilite pas le travail de mise au point du photographe amateur !
Comment ça vous n’aviez pas remarqué ? Mais que regardiez vous donc alors…???
Après leurs ébats, le mâle partit assez vite vaquer à ses occupations, laissant la femelle sur le bord de la rive….Toute analogie avec des situations vécues ne serait, bien sur, que pure coïncidence….
Puis notre attention fut attirée par quelques cormorans juvéniles entrain de se faire sécher les plumes au soleil.
Sur ces entrefaits, voyant que les aigrettes ne se décidaient pas à se rapprocher suffisamment, nous décidâmes d’aller explorer un autre secteur sur l’autre rive de la rivière.
En effet, depuis quelques temps, une opération privée/publique de création de milieux de reproduction est conduite dans la Drôme.
Elle a pour objectif de permettre la reproduction de la sterne pierregarin. La sterne pierregarin (sterna hirundo), aussi connue sous le nom d’Hirondelle de mer, nidifie dans les bancs de sable des grands fleuves à l’abri des prédateurs terrestres.
Des radeaux fixes ont donc été installés à cet effet au milieu du lit de la Drôme.
Restait à attendre et à voir si la sterne pierragarin allait investir ces ilots pour y nidifier et s’y reproduire.
Avec Alain, nous nous étions dit, qu’avec un peu de chance, nous pourrions apercevoir ces oiseaux que nous n’avions jamais photographié ni l’un ni l’autre.
Après quelques minutes d’observation du radeau, nous vîmes une sterne qui volait autour du radeau.
Nous la vîmes même pécher au dessus du plan d’eau :
Puis sa pêche apparemment terminée, nous le vîmes se rapprocher d’un autre sterne et commencer à se voler après, se fuir sans se quitter….Cette fois ci, j’imagine que vous avez compris….
Et là, nous vîmes le premier, son poisson dans le bec, faire du sur-place en vol au dessus du radeau alors que l’autre tournait autour.
Renseignements pris auprès de Jean-Michel Faton, le conservateur de la réserve naturelle des Ramières, c’est le comportement typique d’un mâle qui indique à la femelle l’endroit où elle doit nicher, en y déposant une offrande….
Même si ça ne prouve pas qu’il y aura reproduction, ça indique en tout cas que c’est bien parti….Et nos photos amènent un premier témoignage de ce processus de reproduction à Printegarde. Pour un peu, on se serait presque pris pour des ornithologues avec Alain…
Mais comme nous ne sommes que des photographes passionnés d’ornithologie, il était temps de laisser les sternes à leurs affaires matrimoniales et d’aller voir ailleurs dans la réserve où en sont les autres histoires d »amours….
Nos pas nous menèrent vers le « petit marais ».
Là nichent deux couples de cygnes mais nous y avions souvent croisé des hérons cendrés et des aigrettes et nous nous demandions s’ils ne nichaient pas à proximité…
Puis nous le vîmes s’envoler et se poser à la cime d’un arbre. Et là, nous pûmes observer clairement son nid :
Deux « petits », que l’on peut difficilement qualifier d’oisillons vu leur taille déjà conséquente, attendaient avec plus ou moins de patience le retour de leur parents nourriciers…
Et quand celui-ci arriva, la bataille fit rage entre les deux pour accéder à la régurgitation du poisson fraichement péché….
Le repas rapidement avalé, il ne restait plus au parent concerné qu’à y retourner derechef….
Quand je pense que j’en connais qui râlent de devoir aller faire les courses une fois par semaine au supermarché….
Mais que serait Printegarde sans les aigrettes….Et j’avoue que je brulais d’impatience d’aller voir où en étais mes favorites.
Et le moins qu’on puisse dire c’est que je ne fus pas déçu tant je pus en apercevoir …
Vu la diversité, je ferais sans doute un autre reportage spécifique dans les prochains jours mais je ne résiste pas au plaisir de vous montrer, en avant première, quelques photos d’aigrettes garzettes ….
Quand on observe les oiseaux, on ne voit pas le temps passer….Et malheureusement, le week-end tirait sur sa fin et il était temps de rentrer.
Je me consolais en me disant que j’avais quand même 32 Go d’images et des milliers de souvenirs à me repasser durant les prochaines semaines.
Mais à Printegarde, il y a toujours un oiseau que vous croisez au moment où vous partez et qui semble vous dire : « Il te faudra revenir si tu veux mieux me photographier…. ».
….Comme ce faucon crécerelle croisé alors qu’on était à la limité de la réserve et du premier village….
En tout cas, c’était encore un chouette week-end d’émerveillement passé avec Alain à crapahuter et à observer les oiseaux.
Vivement le prochain….!!!
Toujours aussi passionnants tes reportages sur les piafs
Que dire a part : » c’est vraiment trôôôôp mignons » 😉