Le lundi matin, je ne travaille pas et j’en profite généralement pour aller faire de la photo en toute tranquillité.
En effet, on ne croise pas grand monde sur les chemins du Vercors ce jour là. Ni joggeur, ni cycliste, ni promeneur, ni chasseur et je profite donc à plein de ce moment de liberté dans la nature.
Mais, lundi dernier, malgré une belle journée qui s’annonçait, j’avais décidé, à contrecœur, de déroger à ma règle pour m’attaquer à une pile de courrier en retard et à une montagne de cartons à vider…
Cela faisait bien une heure que je m’escrimais avec des factures quand j’entends frapper à ma porte.
C’est Olivier mon voisin, un appareil photo compact à la main : « Je viens d’apercevoir une petite chouette dans mon jardin et je n’arrive pas à la photographier avec cet appareil…Tu veux pas m’aider à le régler ? ».
– Une petite chouette ? Grande comment ?
– Ben, environ 30 cm de haut….
Évidemment intrigué, je lui fait un réglage sur le compact, tout en me disant que le courrier en retard peut toujours attendre encore un peu et qu’il faut que j’aille voir de quoi il retourne…Par pur esprit scientifique, bien sur…
Et comme mon boitier déjà équipé d’un 300 mm est posé là à se morfondre sur la table je décide de l’amener prendre prendre l’air avec moi…
Olivier me donc conduit dans son jardin vers un bouleau au feuillage encore dense en cette fin septembre.
Tout d’abord, je ne vois rien tant l’oiseau est bien fondu dans les branchages. Après qu’olivier, sans qui je chercherai encore, me l’ai indiqué, je finis par l’apercevoir :
Waouh ! En fait d’une chouette, c’est un hibou moyen duc, le premier que j’arrive à observer dans mon hameau.
Au début, j’hésite entre le moyen duc et le petit duc car il est ramassé sur lui même et ne parait pas bien gros.
Mais un certain nombre de critères ne trompent pas :
D’abord, sa taille. Avec ses 35 cm de long (env.), le moyen-duc est légèrement plus grand que le petit duc qui mesure en général 20 cm.
C’est également le cas de son envergure de 86 à 98 cm, alors qu’elle est de 50 à 54 cm pour le petit duc. Bon, il faut bien reconnaitre que ce n’est pas très facile à voir en vol, mais c’est quand même presque le double…
Mais le critère principal pour identifier le moyen duc, surtout par rapport à la chouette hulotte qui lui ressemble beaucoup, ce sont ses « cornes ».
Bien sur, ce ne sont pas des cornes mais deux grandes aigrettes de plumes. Quand elles sont dressées, on dit qu’il « fronce les sourcils ». Et d’ailleurs, elles sont couchées quand le hibou est serein et tranquille.
Cet attribut lui sert vraisemblablement à impressionner ses adversaires ou prédateurs. Voire à percevoir des informations en fonction des vibrations sonores.
Un autre critère de différenciation, réside dans la couleur de ses yeux. En effet, ils sont d’un jaune-orangé (jaunes chez le petit duc ) et au centre d’un disque facial arrondi de couleur beige/roux.
Au niveau de son cri, on l’entend surtout à la saison des amours. Le male pousse alors un « hou-ou » répété toutes les 2 secondes environ et souvent exécuté sur une longue période. Selon la situation, il est peut être audible à plus de 200 m.
On peut également l’entendre mettre en garde ses adversaires par un « wupp wupp ».
Ensuite, c’est un rapace qui vit dans les zones boisées, les taillis, les bosquets et les bouquets d’arbres et les petites plantations dans les campagnes ouvertes.
De jour, il se cache dans les branchages épais où il se tient immobile et ainsi se fond dans le décor grâce à son plumage à l’aspect d’écorce au-dessus brun/roux marbré de brun foncé, et le dessous est plus clair, parfaite tenue de camouflage…
Il s’y repose de sa longue nuit de chasse.
En effet, le hibou moyen-duc chasse principalement la nuit dans les champs et les marais ouverts. Il capture sa proie en utilisant son excellente vue et son ouïe.
La plupart des proies sont capturées sur le sol, ou dans la végétation. Après l’avoir attrapé, le hibou moyen-duc la tue en tapant l’arrière de la tête, et ensuite, il l’avale entière. Il régurgite des pelotes, environ trois à quatre heures après s’être nourri.
Il affectionne principalement les petits mammifères, surtout les campagnols et les mulots qui représentent respectivement 78 % et 15 % de son régime alimentaire. Mais il consomme également des oiseaux (moineaux, ou pinsons), et parfois des coléoptères..
Le hibou moyen-duc niche dans des zones boisées, caché dans une végétation dense. Il utilise habituellement un nid abandonné, fait avec des brindilles par une autre espèce.
La femelle dépose 4 à 5 œufs blancs, lisses et brillants. L’incubation dure environ 25 à 30 jours, assurée par la femelle. Elle reste au nid toute la journée, mais elle sort brièvement la nuit.
Les poussins sont couvés par la femelle pendant deux semaines. Le mâle apporte de la nourriture à la femelle et aux jeunes pendant l’incubation et la période au nid.
Au bout de 35 jours, les jeunes commencent à effectuer des vols courts. Ils deviennent indépendants au bout de dix à onze semaines.
Le hibou moyen-duc bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981, relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire.
Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu.
Qu’il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l’utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l’acheter.
Mais on peut le photographier…. Surtout si on évite de le déranger ou de trop s’approcher de lui quand, en journée, il se repose de sa longue nuit de chasse.
Et surtout les lundis, même si on a décidé de ne pas faire de photos ce jour là…
D’ailleurs, si ça permet de faire de telles rencontres, je crois bien que je vais faire semblant de faire du courrier tous les lundis matins….
Sources, liens et remerciements :
Un grand merci à Olivier sans qui je n’aurais pas eu l’opportunité d’une telle rencontre.
Oiseaux.net pour la fiche technique détaillée
Wikipedia pour les compléments
Cahiers d’Habitat « Oiseaux » – Inventaire National du Patrimoine Naturel MEEDDAT- MNHN
Etude : Le Hibou moyen-duc (Asio tous) et son régime alimentaire dans le massif dunaire de la Slack, Courrier de l’environnement de l’INRA n°45, février 2002
Et pour les curieux qui n’en ont pas eu assez, quelques photos complémentaires :
superbes photos.
j’ai le cas en ce moment. nous sommes rentrés de vacances fin août, et nous avons trouvé sur la terrasse sous un arbre des pelotes et des fientes. je me suis dit » les chouettes ont profité de notre absence » . le lendemain matin je sort sur la terrasse et tombe nez à nez avec deux hiboux moyen duc perchés à » ou ‘ m de moi sur une branche de l’érable du japon. ( joie immense 🙂 ) je les ai ensuite souvent aperçu à la tombée de la nuit cherchant un endroit à se poser … . maintenant je trouve des pelotes et fientes le plus souvent sous un grand noisetier . cependant plus qu’un hibou, présent tout les jours dans ce même noisetier en train de se reposer. cela veut il dire que la femelle couve quelque part? nous somme mi-septembre est ce la saison? si oui, le mâle passe t-il sa journée loin du nid?
quoi qu’il en soit formidable rencontre avec ces magnifiques oiseaux que j’ai pu photographié sans déranger.
Cyrille.