Aujourd’hui, s’ouvre le vernissage de la Grande exposition des meilleures toiles des artistes de la prairie !
Après de multiples débats passionnés entre les membres du jury, il a été décidé d’ouvrir nos murs à toutes les différentes écoles d’artistes.
Vous pourrez donc admirer, exceptionnellement, dans notre galerie :
- les toiles géométriques de l’école des Orbitèles
- les toiles en amas de l’école tridimensionnelle
- les toiles de l’école dissidente des naturalistes
Les toiles géométriques :
A tout seigneur, tout honneur…Évidement, les artistes de l’école orbitèle sont les plus connus du grand public et tout le monde a déjà pu observer au moins une de leurs oeuvres.
Il faut avouer que leur art de la structuration fascine les critiques d’art. Chaque artiste intègre une logique mathématique qu’il sublime, pour l’adapter à sa propre inspiration.
On reconnait d’ailleurs sa « patte » au nombre de rayons dans son oeuvre : par exemple, 21 rayons pour l’épeire angulaire, 32 rayons pour l’épeire fasciée, 42 rayons pour l’épeire soyeuse. Bien sur, ces chiffres sont des moyennes et certains artistes aiment à se distinguer en en produisant plus ou moins que l’habitude dans leur famille…
Leur palette de matériaux pour créer leur toile est également très large.La majorité de ces artistes produisent le plus souvent 6 types de soies :
- l’une pour les disques de fixation de la soie,
- la seconde pour les fils de sécurité,
- la troisième pour la soie pour emballer les proies, la couche externe des cocons et la toile spermatique chez le mâle,
- la quatrième pour la couche interne des cocons ,
- la cinquième est un liquide visqueux qui enduit les spires,
- et la dernière donnant le fil spiral lui-même).
Pendant longtemps, on s’est interrogé sur la composition de la matière première qui leur sert à composer leur toile : la soie…
On sait aujourd’hui, grâce à l’indiscrétion de certains artistes, qu’elle est composée en majorité de deux protéines qui sont la fibroïne et la séricine. La fibroïne est le plus gros constituant de la soie d’araignée car il représente 63,1% de la composition et la séricine 22,58%. Mais cette composition peut varier suivant son utilisation et les artistes gardent jalousement leurs secrets de fabrication…
Fritz Vollrath, chercheur au Département de zoologie de l’Université d’Oxford précise qu’elle a une densité six fois plus faible que l’acier tout en étant cinq à dix fois plus résistante que celui ci.
Qui plus est, celle de certaines épeires peut subir un étirement de plus de 40% avant de se rompre, elle est ainsi deux fois plus élastique que le nylon.
Et il ajoute que «la soie est si légère qu’un fil faisant le tour de la Terre, ne pèserait que 420 gr…».
Et que dire de leur capacité à refaire leur oeuvre tous les jours en avalant leur toile d’hier…Ces artistes ont même inventé le recyclage de leurs vieilles toiles…Il faut dire qu’elles sont très énergétiques et qu’il en faut des ressources pour refaire sa création tous les jours…
Et pour finir, il nous a été possible de reconstituer la création d’une toile géométrique du début à la fin…
Malheureusement, l’agent de l’artiste ne nous a pas permit de disposer gratuitement des droits et il vous faudra aller la regarder sur un autre média que notre modeste journal artistique des prairies :
Les toiles tridimensionnelles :
C’est l’école la moins connue du grand public et pourtant ces artistes qui construisent des toiles tridimensionnelles, représentent la majeure partie des araignées tisseuses.
On peut même parfois observer plus de 4 artistes au mètre carré se disputant les meilleurs emplacements lumineux…
Chez les tridimensionnelles, pas de logique apparente, on cherche avant tout à occuper l’espace. À l’inverse des orbitèles, ces pièges ne sont jamais détruits ni reconstruits, ils sont simplement réparés et consolidés un peu plus chaque jour.
Les divers pièges peuvent être séparés en cinq catégories différentes selon leur forme :
- les tubes,
- les collerettes,
- les nappes,
- les dômes
- et les réseaux diffus.
Mais ces termes techniques font partie du langage des spécialistes et, souvent, les artistes donnent leurs propres interprétation de la fonction et de l’apparence de leur œuvres…Il y a pour certains :
« Les vaisseaux fantômes » :
« Les puys d’Auvergne » :
« Le trou du Hobbit »:
« Les twins flowers » :
« Le Santiano » (c’est un fameux trois mats, hissez haut…) :
« Le hamac du fakir » :
« Le chevalier nettoyeur »
Elles sont généralement posées sur la végétation (herbes, buissons, encoignures, murs,…), et forment une surface épaisse très fournie. Cette construction peut atteindre une structure considérable, parfois supérieure à cinquante centimètres.
Le support végétal soutenant la structure est assisté de fils verticaux qui tendent et supportent la toile. Ces derniers servent aussi d’obstacles pour gêner et faire tomber les proies sur la toile.Ces pièges ne sont pas tous constitués de fils gluants comme les orbiculaires, mais l’entrelacs retarde assez la proie pour que l’araignée puisse avoir le temps de la capturer.
Tout insecte tombant sur la nappe trébuche et s’empêtre dans les multiples fils entrecroisés. L’araignée sort de sa retraite, tire sa proie vers elle à travers la toile, puis l’emmaillote avant de la piquer et de l’emporter pour la manger.
Pour l’artiste interrogé par notre critique d’art, c’est le meilleur moyen de « faire participer les spectateurs à la nature profonde de leur création…Et puis ainsi, ils viennent rejoindre et prendre leur place dans l’éphémère réalité de l’art . ».
Les toiles de l’école naturaliste
Ici, on touche du doigt la grande polémique qui agite tous les critiques d’art de la rive gauche du fossé…
En effet, pour nombre d’érudits, il ne s’agit pas d’une véritable école d’artistes mais juste de quelques dissidents des deux écoles principales qui cherchent, par opportunisme, à se mettre en valeur en transcendant les codes de l’art classique.
Leur particularité, pour ne pas dire leur particularisme : utiliser des éléments naturels comme les quintessences aqueuses, vulgairement appelées rosée, ainsi que des éléments vivants comme des insectes pour donner un pouvoir d’attractivité à leur œuvre…
Il y a parmi eux les membres du GEBN ou Groupe Expérimental de la Bulle Nihiliste, qui ne jurent que par la sphère aqueuse :
Et qui pensent que l’art doit servir à refléter la réalité, quitte à l’inverser…
Ou à étirer et à déformer la réalité substantielle du cosmos :
Et pour faire prendre conscience du tissu cosmique qui nous entoure et dans lequel nous baignons…
Et puis, il y a l’autre branche, que d’aucuns qualifient parfois de groupuscule, la SPA ou Section des Peintres Animaliers.
Pour eux, l’art n’a de sens que dans le retour au sources et l’élément aqueux a beau être consubstantiel, il n’est pas suffisant en soi…Pour qu’une toile prenne tout son sens, il faut qu’elle inclue un insecte…
Évidement, nombre de critiques réputés les prennent pour des illuminés et qualifient même leur art de morbido-acqueux...
Mais force est de constater que leurs œuvres rencontrent un certain écho auprès du grand public, qui est fasciné par leur vision de l’art et qui achète en masse leurs productions.
Pour le plus grand bonheur des galeristes de la rive gauche du fossé qui sont prêt à abandonner tout classicisme, tant que ça fait vendre…
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Ainsi s’achève notre grande rétrospective 2014 des toiles de la prairie. Les artistes vont désormais regagner leur atelier et se reposer durant l’hiver avant de revenir, à la belle saison, pour concevoir de nouvelles œuvres surprenantes.
Rendez vous donc à l’automne 2015, au Grand palais de la Prairie pour découvrir leurs nouvelles créations…
Liens et remerciements :
La hulotte : et oui, on en revient toujours à La Hulotte et en particulier aux N° 73 et 74 dont je me suis inspiré pour l’idée d’exposition
Science étonnante avec un article sur la résistance des toiles
Insectes.org avec des détails sur les toiles irrégulières
Le monde et nous avec une approche sur la composition chimique de la toile (et une bibliographie)
Très beau ! Je te suggère un autre reportage d’actualité si tu « tombes » dessus : les Mantes sont très gourmandes en ce moment, et capturent sans interruption des proies qu’elles gobent avec un appétit plus que féroce. C’est un peu plus « boucherie-charcuterie » comme ambiance, mais il y a de quoi faire de belles photos ! Bises et bonnes chasses à quatre pattes dans l’herbe !
Phil
c’est absolument superbe! pleins de grace et de poésie! je suis fan et j’en redemande! bises kiki
Hello,
Je ne suis pas encore allée voir l’expo au muséum d’histoire naturel à Grenoble:l’expohttp://culture.grenoble.fr/TPL_CODE/TPL_AGENDA/PAR_TPL_IDENTIFIANT/4955/157-arts-visuels-expo.htm , tes photos me donnent envie d’en savoir plus sur ces artistes! Bravo Florent!
Bonjour, tu m’étonneras toujours avec tes reportages et celui-la est très complet et super joli; à quand le prochain ?
J’ai Adoré !!!
Quel Art de Vivre…
Particulièrement ces créations, sublimées par les perles de rosée.
Les informations sont nombreuses et précises.
Je mangerai bien un insecte en guise de buffet triomphal.
Bravo.