H7 Le potage Crécy

« Flo à l’Hosto », épisode 7 :

Connaissez vous le potage Crécy ?

Non ? Et bien, moi non plus; du moins pas avant mon entrée à l’Hôpital de Grenoble. Depuis, nous sommes devenus très proches, ce potage et moi….

Cela fait maintenant 5 jours que j’ai été opéré et tous mes repas se ressemblent immanquablement : soupe/coquillettes/compote, soupe/riz blanc/compote ou soupe/purée/compote. Et une fois sur deux, la soupe est un potage Crécy. Mon nouveau voisin de chambre a été pour sa part opéré il y a  3 jours et il a déjà des menus « normaux », entendez par là autre chose que que les 3 combinaisons citées plus haut…

Je décide donc d’en parler à mon infirmière préférée; d’autant plus qu’on est devenus assez « potes ». Comme je lui fait remarquer la tristesse et la monotonie de mes menus,  elle me répond qu’effectivement, c’est bizarre que je sois encore aux menus post-opératoies et qu’elle va se renseigner. Pour me consoler un peu, elle me fait passer, en douce, un paquet de gruyère râpé pour agrémenter mes coquillettes à l’eau…

Le soir venu, enfin à 18h car on dine très tôt dans les hôpitaux, elle m’amène mon plateau et me dit : « Je sais pourquoi vous êtes encore aux menu « réa » : c’est parce que vous n’avez pas encore pu aller à la selle… ». A ce moment là, je jette un œil sur le contenu de mon plateau et je contemple un potage Crécy, du riz blanc et une compote de pommes….Je lui fait remarquer que ce n’est pas avec une composition de carottes, riz blanc et pommes que ma situation intestinale va s’améliorer…C’est même ce que l’on servait comme menu dans les colos aux gamins qui avaient la diarrhée…Elle me dit que c’est pas faux et qu’elle va le signaler…

D’autant plus que, depuis que je suis devenu un sportif de haut niveau dans la discipline des longueurs de couloirs, j’ai quand même besoin d’une alimentation adaptée, sinon, comment vais je pouvoir continuer à battre mon record chaque jour ?

En effet, depuis ma décision d’il y a trois jours, je tiens mon objectif. (cf l’épisode H6).; aujourd’hui j’ai fait mes 28 longueurs et ça creuse…L’équipe médicale s’est habituée à me voir parcourir les couloirs avec mon pyjama bleu et je m’arrange pour faire passer des messages subliminaux à chaque passage devant le bureau de la cadre infirmière. En effet, c’est elle qui détient les clefs du Grall, entendez par là, la décision administrative de transfert vers le centre de convalescence de Grenoble sud…Je me dit qu’à force de me voir user ses couloirs, elle va bien accepter d’accélérer le processus, ne serais ce que pour se débarrasser de moi…

D’autant plus que je commence à entrainer mes petits camarades avec moi…Mon voisin de chambre muni d’une perche roulante avec ses appareils accrochés et un autre voisin avec ses béquilles m’accompagnent dans certains de mes tours. On fait une équipe de choc à nous trois….Et on ne passe pas inaperçus dans les couloirs…

Mais hélas, mon nirvana, est très demandé et il n’y a pas de places pour l’instant…Idem pour mon voisin qui souhaite aller dans un centre en Savoie…La cadre infirmière me dit qu’il n’y a pas de chambre disponible avant au moins 5 jours, c’est à dire le lundi suivant: je prends un coup au moral….Encore 5 jours à me nourrir de potage Crécy et à être réveillé plusieurs fois par nuit pour des tas d’examens….

Mais bon, je n’ai pas vraiment de choix si ce n’est d’être patient…Quitte à continuer à finir mon potage Crécy. sans broncher..

Heureusement, ma bonne étoile brillait toujours.sur ma tête et ma patience fut récompensée…En effet, le jeudi soir, la cadre infirmière vient me voir et me dit : « J’ai peut être une possibilité sur Grenoble sud ; il y a un lit qui se libérera demain en fin de matinée dans une chambre à deux lits…Vous aviez demandé une chambre à un lit mais si vous acceptez de partager, vous pouvez partir dés demain… ».

Autant vous dire que je n’ai pas hésité longtemps pour prendre ma décision et je la remercie chaleureusement pour son aide. Après son départ, me voilà tout excité même si je n’explose pas de joie par respect pour mon voisin de chambre qui, pour sa part, ne sait toujours pas quand il pourra rejoindre son nirvana savoyard…

Il faut dire que beaucoup d’histoires courent sur le Centre de rééducation cardiaque de Grenoble sud à Échirolles : on y fait du sport, il y a un parc où l’on peut se promener, on n’est plus sous surveillance médicale constante, on peut avoir des permissions du week-end pour rentrer chez soi et, cerise sur le gâteau, on a des menus adaptés aux efforts physiques consentis; bref, tout ce qu’il faut pour faire rêver des patients dans un service post opératoire….

Le lendemain matin, on me réveille très tôt (enfin pas plus tôt que d’habitude soit à 6h) et on me fait passer une batterie d’examens durant toute la matinée : prise de sang, radios pulmonaire, échographie cardiaque, visite de plusieurs médecins, changement du pansement, etc…Je me prête de bonne grâce et avec le sourire, à tous ces examens, en espérant juste qu’aucun ne révèlera de contradiction à mon départ de l’hôpital….

Finalement, cette matinée interminable arrive à son terme sans coup de Trafalgar et j’attends avec impatience qu’on vienne me chercher. J’en profite pour faire un dernier tour de couloir, en particulier pour remercier toute l’équipe d’infirmières, d’aides soignantes et d’entretiens.

En effet, passé le choc de l’arrivée brutale à l’hôpital (cf l’épisode H2) et la mise en condition pré-opératoire, il faut reconnaître qu’il y a une super équipe à l’Hôpital nord de Grenoble et qu »elles ont toutes fait leur maximum pour que je me rétablisse dans les meilleurs conditions….Et pour répondre à Cécé qui m’interroge régulièrement dans les commentaires du blog à ce sujet : elles sont toutes « canon » !

A 14 heures, c’est un ambulancier de l’hôpital qui vient me chercher et, cette fois ci, pas de brancard à roulettes ni de fauteuil, c’est sur mes deux jambes que je quitte le service cardiologie…J’en ai fait du chemin en 8 jours  mine de rien…

Il me fait monter dans son véhicule sans trop m’aider mais je m’en tire seul, malgré un peu d’appréhension devant la ceinture de sécurité qui m’appuie sur la cicatrice mais je me garde bien de me plaindre, au cas où il changerait d’avis… Il est très speed, conduit brutalement  et est très râleur, me bassinant avec ses commentaires très politiques…Je le laisse parler et en profite pour ouvrir grands les yeux sur le monde extérieur dont j’étais coupé depuis 8 jours. On se retrouve assez vite bloqué dans les embouteillages de la Rocade sud mais je reste concentré sur le positif et sur mon nirvana qui approche, même au ralenti….

La première impression extérieure du bâtiment est plutôt bonne; le bâtiment est récent, recouvert de plaques de couleurs et on voit bien les montagnes autour. Par contre, je n’aperçoit pas le fameux parc, juste un parking ombragé par des vieux platanes.A l’intérieur, on parcourt des tas de couloirs qui ressemblent fichtrement à ceux de l’Hôpital nord…Je ne me sent pas dépaysé, je dirai même, pas assez dépaysé…

On m’amène rapidement dans une chambre et mon chauffeur me quitte aussi vite qu’il m’a conduit (ça tombe bien, j’avais pas trop envie de lui dire merci…). Là, je suis très vite pris en main par une infirmière qui me bombarde d’instructions sans trop de sourires joints…Le Village Vacances escompté commence à se transformer en camp scout et la cheftaine n’a pas l’air commode…Heureusement, mon moral est toujours au beau fixe…

Elle me demande si je veux rejoindre une séance de gym douce qui vient juste de commencer. Alléché par l’idée de bouger un peu, je m’empresse d’accepter, revêt un pantalon de survêtement, un tee shirt de rando et mes chaussures de trail et je me dirige vers la salle de gym en sifflotant un petit air de reggae (« Get up, stand up… »). Je pousse la porte de la salle et là cest le choc….

J’ai devant moi une vingtaine de papy et mamy d’environ 65 à 70 ans, assis sur des chaises, et levant lentement  les bras; plus ou moins en rythme, sous les encouragements d’une kiné…Ah, la vache, je le voyais pas comme ça le sport au centre de rééducation...Va falloir salement s’accrocher au niveau moral…Mais je me prête de bonne grâce aux exercices et je dois reconnaître que certains, en particulier ceux qui font bouger la poitrine, me sont assez difficiles…

La séance s’achève et je rejoint ma chambre pour faire connaissance avec mon nouveau voisin. Heureusement, Charlotte est là et m’amène des affaires complémentaires nécessaires au x trois semaines de séjours. On convient ensemble que c’est déjà un point très positif que j’ai quitté l’hôpital et que ça va bien se passer.

Mais, très vite, 18h30 arrive et elle doit me laisser car c’est l’heure du repas. On m’avais parlé d’un self avec un buffet de crudités et j’en salive à l’avance…Mais quand j’y arrive, je comprends très vite que le buffet de crudités n’est présent que le midi et que le soir, c’est service restreint…On a un plateau attribué nominativement et il est posé à un endroit donné sur une table numérotée et donc, on n’a même pas le choix de son emplacement; le camp scout commence à me rappeler un peu  l’armée…

Je m’y installe néanmoins sans râler et après avoir salué mes voisins, je soulève la cloche du plateau, pour apercevoir ce qu’il y a de bon à manger.

Je vous le donne en mille : du potage Crécy.….Et de la purée accompagnée d’une compote….

A ce moment, quelque chose me dit qu’elles vont être longues ces 3 semaines de rééducation….En tout cas, bien différentes de ce que j’avais imaginé….

Va falloir s’arracher pour s’adapter….

Si vous voulez savoir la suite et la description du centre de rééducation, ne manquez pas l’épisode 8….

 

1 thoughts on “H7 Le potage Crécy

  1. et tu pourras nous faire du potage crècy , comme ça on pourras gouter nous aussi

Répondre à cece Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *