H2 Comme un mouton australien…

« Flo à l’hosto » : épisode 2

« …alors, vous préférez vous faire opérer à Lyon ou à Grenoble ? »

En donnant ma réponse en faveur de la capitale des Allobroges, je n’avais pas réellement conscience à cet instant précis, que c’était la dernière fois, avant longtemps, que j’aurai un choix et mon libre arbitre…

« Bon, c’est un bon choix, je vais les appeler tout de suite et voir s’i y a une place en urgence au bloc opératoire; sinon, il vous faudra patienter un jour ou deux ».

Et comme je lui proposait de rentrer chez moi et d’attendre tranquillement », il me répondit : « Non, Monsieur, je pense que vous n’avez pas pas réellement conscience de votre état (aïe, revoilà mon état….), il est exclu que vous quittiez l’hôpital même si on vient vous chercher, c’est trop dangereux.

Evidemment, quand je lui ai dit que j’étais venu à pieds à l’hôpital avec mon sac africain sur l’épaule et que je me sentais de le refaire, il m’a un peu pris pour un martien….

Et puis tout s’est accéléré….

Je me suis retrouvé sanglé sur un brancard à roulettes, avec des branchements de partout, une infirmière réanimatrice et deux brancardiers qui me convoyaient à fond les ballons de Valence à Grenoble.

Allongé, sanglé et ballotté, je voyais défiler par un coin de la lunette arrière, mes montagnes du Vercors et je prenais lentement conscience que je risquais de ne pas les revoir de sitôt…

Le jeune brancardier étant en formation, l’infirmière lui expliquait ce que j’avais et ce qu’on allait me faire « Alors tu vois, le Monsieur, on va lui ouvrir la poitrine, lui sectionner le sternum, mettre son coeur en dérivation, le refroidir, puis lui prélever des artères et les mettre à la place de ses coronaires, etc…« .Je décidai donc de débrancher mon attention, à défaut de tous ces tuyaux, et je me concentrais sur le vert des forêt et le gris des rochers que je voyais défiler.

Je vous passe sur l’arrivée au péage où nous avons percuté la voiture de devant (« C’est bizarre, le frein ne répond plus, heureusement que j’ai pu tirer le frein à main à temps… »), pour passer directement à l’admission à l’hôpital de Grenoble.

Dés mon arrivée, on m’installe dans une chambre à deux et je m’imagine que je vais pouvoir souffler un peu… Mais à peine dessanglé du brancard et les brancardiers partis (« Allez, bonne chance Monsieur ! »), une infirmière arrive avec une bombe de mousse à raser et deux rasoirs en main : « Faut vous raser la barbe Monsieur ! » J’ai bien essayé de négocier mais rien à faire; elle m’a même porté l’estocade : « Et après, on vous rasera tous les poils du corps…« 

Et me voilà avec deux pauvres rasoirs sans marque à 1 lame, à essayer de venir à bout de ma toile émeri…30 minutes plus tard, je ressort de la salle de bain, le visage en sang avec au moins une vingtaine de coupures…

Et revoilà ma tortionnaire qui rentre et me dit : « Bon, allez suivez moi à la salle de bains, je vais vous passez la tondeuse sur le torse, les jambes et le reste… »

Petite consolation : sa tête devant le système pileux de l’ours catalan… »Hola, je vais jamais m’en sortir toute seule et j’aurai pas assez de batterie pour en venir à bout…On a les revanches qu’on peut…

Mais elle dégote rapidement un acolyte (lui aussi en formation), ils m’allongent sur une table métallique et m’attaquent aussi sec la toison (non, c’est pas du Vian…).

Evidemment, dans cette situation, on comprend mieux le point de vue du mouton australien à qui on tond la laine : bien sur, ça ne lui fait pas mal mais ça m’étonnerait fort qu’il aime ça…

Vingt longues minutes plus tard, je contemple le tas (et c’est pas un vain mot) de poils autour de moi et je découvre mon corps comme je ne l’ai plus vu depuis l’adolescence…Je me fait un peu l’impression d’être un croisement entre un poulet aux hormones et Michel Blanc…

Mais pas le temps de souffler que mon amie me dit : « Allez, on va aller prendre une douche à a Bétadine et je vais m’en occuper... » Bien sur, je donne l’impression que cette infirmière a tout du monstre alors qu’elle a agit avec un grand professionnalisme; mais quand elle vous dit, » Allez monsieur décalottez bien », vous avez l’impression de descendre encore d’un palier dans l’échelle de la dignité humaine…

Récuré (et c’est pas une image) et vêtu d’un pyjama bleu ciel (tiens, ils avaient les mêmes à l’armée…), je sors de la salle de bain, un peu sonné par le traitement de choc…Heureusement, premier rayon de soleil de la journée, ma fille est là qui m’attend et qui fait de son mieux pour ne pas s’esclaffer devant ma tête sans barbe…

Et ce moment de bonheur dure environ 30 secondes, le temps que j’ouvre mon sac pour lui confier mes papiers et que l’infirmière rentre à nouveau et me dise : « Vous pouvez pas garder ce sac, Monsieur, de toutes façons, vous n’avez besoin que de vos pantoufles et d’une trousse de toilette. » j’ai bien essayé, encore une fois, de négocier mais sans succès et c’est lesté de mon lourd sac que ma fille s’en est allé.

« Bon, ça va Monsieur ? Bien, parce que demain matin, il vous faudra reprendre la même douche juste avant l’opération…Et il ne faut plus boire d’eau à partir de minuit ni rien avaler… »

De toutes façons, avec toutes les couleuvres que je viens d’avaler aujourd’hui, je suis rassasié pour un certain temps…

C’est du moins ce que je me disais à ce stade….

Ne manquez pas l’épisode 3 de « Flo à L’hosto » pour voir si je me trompais…

 

 

 

 

4 thoughts on “H2 Comme un mouton australien…

  1. Quand je pense ce que ça coûte une journée chez l’esthéticienne à se faire épiler et tu as même quelqu’un qui vient te frotter le dos (et pas que si j’ai tout compris) payé par la Sécu et tu trouves encore le moyen de te plaindre^^.
    Non sérieux tu imagines même pas à quel point je compatis.
    Contente de voir que tu as gardé ton sens de l’humour et ce qu’il te reste de dignité ^^.

  2. bon t’avais pas besoin d’en faire autant…enfin j’en ais parlé à tout mon jardin pour qu’il te transmette son énergie, vive la nature y’a que ca de vrai!!! pressée de te te revoir bisous tout doux hihihii!! j’en profite!!!

  3. et bien , sa doit être jolie a quoi tu doit ressembler et il faut juste que tu attrape pas une maladie dans l’hosto et bon courage par contre j’attends de sa voir a quoi , elle ressemble ton infirmière

  4. Pas de photos de  » l’ours catalan « …( pourtant je suis sur qu’il doit être beau sans poils :).

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