H6 Champion olympique du couloir

Flo à l’hosto, épisode 6

Lundi 19 mai, je me réveille dans ma chambre en cardiologie.

Quand je dis que je me réveille, c’est un bien grand mot vu que je n’ai quasiment pas dormi…Et ça fait plusieurs nuit que ça dure…

D’abord, il y a eu le glou-glou incessant de la machine à oxygène qui me donne l’impression qu’il y a un aquarium géant au dessus de ma tête.. Ce bruit aquatique se mélange avec le bip-bip régulier de l’enregistreur de mes pulsations cardiaques.

Et pour compléter le trio pour orchestre, il y a mon voisin de chambre qui ronfle…Pas très très fort mais quand même…

De plus, j’ai l’habitude de dormir sur le coté mais, compte tenu de ma cicatrice encore fraîche sur la poitrine, je dois dormir sur le dos, pas si simple que ça en a l’air…

Sans parler de la sonde urinaire…C’est sans doute une super invention qui évite l’humiliation de se pisser dessus et bien de la galère au personnel, mais j’ai l’impression d’avoir en permanence envie de pisser….Et ça aide pas à s’endormir…

Et pour couronner le tout, les infirmières qui viennent toutes les 2h pour voir si tout va bien avec leur lampe torche braquée sur vous…

Moi qui croyais qu’il fallait se reposer après une opération…Si on me faisait subir ce régime en temps normal, je serai fracassé pour aller au boulot….

Mais bon, il parait que c’est normal.

En début de matinée, mon infirmière préférée (vous savez l’as de la tondeuse…) vient me voir et me dit : »Bon, on va vous enlever la sonde urinaire et vous brancher l’enregistreur sur un appareil portatif. Ainsi vous pourrez vous lever, aller au toilette et vous déplacer quasi normalement… » Je la regarde avec des yeux pleins de reconnaissance et elle me sourit…Rayon de soleil…

Je vous passe le retrait de la sonde urinaire, un petit désagrément vite compensé par le bonheur de se lever et d’aller pisser tout seul, débout dans les toilettes… Ah, la vache que c’est bon, j’aurai pas cru….

Puis, elle vient m’aider à faire la toilette, au gant. Là aussi, je me sens revivre de pouvoir me laver debout dans la salle de bain et plus couché dans un lit, totalement assisté. Et elle fait ça avec une grande douceur…

Je sens qu’on va bien s’entendre finalement…

Puis elle me rebranche les électrodes et les relie à un appareil portatif qui tient dans une pochette transparente portée à l’épaule et me donne un pyjama propre.

Là, d’un coup, je me sens un autre homme, pour ne pas dire à nouveau un homme…Mes jambes ont l’air de tenir le coup et je décide d’aller voir ce qui se passe de l’autre coté de la porte de la chambre…

Je jette un coup d’oeil à droite puis à gauche. Le couloir est assez long et parsemé de chariots chargé de matériel médical. Les infirmières ont l’air affairées et personne ne fait attention à moi…

Allez, je me lance…

Je me dirige vers la droite en direction de la sortie à tout petits pas…J’ai un peu une allure de papy avec mes sandales et mon pyjama bleu mais je m’oblige à continuer à mettre un pied devant l’autre et à recommencer.

Alors que je m’approche de la sortie au bout du couloir, une infirmière sort d’une chambre et me dit :

« – Mais vous allez où comme ça ?

– Ben, maintenant que je suis guéri, je rentre chez moi… »

Devant ses yeux effarés, je m’empresse de lui dire que je plaisante, on ne sait jamais…Et j’ajoute rapidement que je fais juste un petit tour du couloir…

Et hop, demi tour et retour à la case départ avant qu’elle ne décide de me rebrancher à la machine, histoire d’avoir la paix..

Je parcours le couloir et je mesure sa longueur : 97 pas. Bon disons une petite centaine de mètres même si je fais des pas de papy.

A ce moment précis, je me dis que ma seule chance de quitter rapidement cet hôpital c’est d’être en bonne forme et le seul moyen que j’ai pour y arriver c’est de faire des longueurs de couloirs.

Je décide donc que, dés demain, je ferai 10 allers-retours soit 20 longueurs de couloirs et que chaque jour, j’augmenterai de 20 % le nombre de longueurs.

Si on m’avait dit qu’il faudrait attendre mes 50 ans pour me mettre à la compétition olympique, dans la spécialité de la longueur de couloir….

Dans l’épisode 7 vous saurez si j’ai tenu la distance, si mes efforts ont été couronnés de succès et si j’ai pu quitter l’hôpital plus vite…

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2 thoughts on “H6 Champion olympique du couloir

  1. J’imagine bien la scène du « ben je rentre chez moi » avec l’infirmière X)

    sa tête devait valoir son pesant de cacahuètes !

    Bon courage Flo, et repose-toi bien, on pense à toi !

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