Le projet

wu5h7889-large

Quand on veut découvrir la nature, les angles d’approche ne manquent pas : naturaliste, scientifique, ludique, sensoriel, artistique, etc.

Pour ce travail, j’ai choisi l’approche évocatrice. Ou plutôt, elle s’est imposée sans que je m’en rende vraiment compte au début…

Tout commence au matin, quand les premiers rayons du soleil effleurent les prés humides ; des dizaines de petites toiles d’araignées apparaissent alors au sol. Elles ne sont visibles que grâce à la rosée et disparaissent dès que celle-ci s’est évaporée.

Certaines sont en forme de bol, de nappe, de galion, de labyrinthe, d’entonnoir, de trampoline, etc. C’est déjà un jeu que de laisser son imagination leur attribuer une correspondance.

Mais si on se donne la peine de regarder de plus près, les jeux de lumière dans la rosée invitent l’imaginaire à plonger encore plus loin, dans d’autres univers intersidéraux où des vaisseaux stellaires croisent au large d’étranges galaxies…

On fait alors un voyage immobile comme lorsqu’on regarde « Star Trek », « la Guerre des étoiles » ou « 2001, Odyssée de l’espace ».

Cette évocation m’est apparue comme une évidence alors que j’examinais sur mon écran, les premières photos de ces toiles prises il y a deux ans. Dés le lendemain matin, j’étais à nouveau allongé dans la prairie (très) humide pour voir si le voyage s’offrait encore à mon imagination.

Et ce fut le cas ! Je pris des centaines de photos. Alors que les montrais dans les jours suivants à mes proches, je m’aperçus que même les personnes phobiques des araignées étaient fascinées et, tout en rentrant dans ce voyage imaginaire, faisaient un petit pas vers la connaissance des tisseuses de la prairie…

Je me dis alors que je tenais là un bon vecteur pour sensibiliser et décidai de creuser le sujet. Afin que le voyage ne soit pas faussé par des artifices, je décidai de ne pas utiliser de flash, de lumière ajoutée, de réflecteur, de filtres ou de traitement.

L’idée était de pouvoir se dire que ce que l’on voit sur les photos, on peut le retrouver dans la nature si on regarde bien…

Enfin, si on accepte d’attendre qu’il y ait de la véritable rosée dans les prés (et pas seulement de l’humidité), que le soleil daigne l’éclairer directement de ses rayons (sans que des nuages n’atténuent par trop sa luminosité) et que les habitants et visiteurs forcés de ses toiles aient composé une scène évocatrice (autre qu’un collier de perles de rosée aussi joli soit-il…).

Au final, ce projet me prit trois étés à guetter la météo et à espérer que toutes les conditions soient réunies.

Mais je ne regrette pas le voyage, même immobile et trempé !