Consommer 100% français, l’aventure ?

Consommer 100 % français, la nouvelle aventure ?

Bien sur, on est tous sensibles au discours ambiant sur consommer français pour préserver les emplois hexagonaux… Quoique si tout les pays du monde faisaient la même chose, auprès de qui irions-nous exporter ?  Et encore faudrait-il produire des trucs dont les autres ont vraiment besoin…sans même parler des fleurons de notre industrie de pointe comme le Rafale…

Mais au-delà de la production, consommer 100 % français, est ce seulement possible ? C’est l’aventure dans laquelle s’est engagé durant près d’une année, Benjamin Carle, journaliste de 25 ans. Et le moins qu’on puisse dire c’est que sa quête d’absolutisme franchouillard s’est révélée pavée d’embûches et d’interrogations.

« Je ne cherche pas à donner un avis mais plutôt à découvrir quels sont les ­objets qui sont encore fabriqués en France. Ce dont je n’avais jusque-là aucune idée. C’est aussi une manière d’évoquer en creux la mondialisation et ses paradoxes. »

Théâtre de son engagement, son deux-pièces a été transformé depuis mai dernier en laboratoire de la production tricolore. Quand l’expert du label « Origine France garantie »  est venu pour passer au crible son appartement, Benjamin Carle a dû faire le vide autour de lui : « Seulement 4,5 % de la valeur de ce que j’avais chez moi était d’origine française. »

MADE IN FRANCE Banjamin (2)

Dans la cuisine, le frigo se réduit désormais à un rebord de fenêtre pour stocker ses denrées périssables. Exit donc le réfrigérateur car plus aucun n’est construit en France. Mais aussi le lave-linge, le canapé, le lit, la vaisselle… Et évidemment l’intégralité de la penderie. « Je pourrais créer l’excitation chez un touriste sexuel en lui ­donnant l’origine de mes fringues. La quête d’une paire de chaussures ou d’une brosse à dents l’a ainsi mené jusqu’ à Beauvais ou en Dordogne.

Quand je vous disais que c’était l’aventure de consommer français…

Mais, me direz vous, heureusement que l’on peut encore facilement manger français… Enfin, faut voir : le matin vous prenez du café, du thé vert à la cardamone ou du jus d’orange ? N’y pensez plus, ça ne pousse pas dans notre pays. Rabattez-vous sur la chicorée, produite dans le Nord. Vous verrez, on s’y fait…

Et faire les courses devient vite un casse tête, même pour les produits avec une dénomination française comme le champignon de Paris, qui vient de Pologne ou la moutarde qui n’a de Dijon que le nom. Heureusement, il reste le Coca-Cola (fabriqué en France) ou la glace Häagen-Dazs (turbinée dans le Pas-de-Calais)… « Mais, précise-t-il, ça me prend une heure trente, de faire mes courses, c’est presque un boulot à plein temps de traquer le made in France dans les rayons».

Après quelques mois de ce régime exclusif, le jeune journaliste en arrive, si ce n’est à des conclusions, du moins à des interrogations plus politiques :

« On nous pousse à acheter français, après nous avoir demandé de trier nos déchets, d’économiser l’électricité… C’est bien de rappeler qu’on peut faire des choix dans nos actes d’achat. Ce qui est gênant, c’est de faire porter aux consommateurs la responsabilité du bon fonctionnement de l’économie française. C’est très libéral. »

Ah, voilà l’angle d’attaque pour préparer notre riposte : libéral, n’est ce pas un concept importé des pays anglo-saxons ? Donc, en doctrines comme en électroménager, raisonnons français: la marinière, oui, mais parce que je le vaux bien, pas parce qu’on me l’a dit ! Non mais par Toutatis !

Mais tant qu’à être français, n’oublions pas Descartes et sa critique de la raison pure : est ce bien prouvé que consommer français va redresser notre économie ? Selon une étude économique, intitulée «(Not) Made in France», publiée par le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), acheter français pourrait coûter entre 100 et 300 euros par mois en plus à chaque ménage : «La substitution de produits nationaux aux produits importés augmenterait la dépense sur les produits concernés, ce qui réduirait la consommation de services » estiment les auteurs de l’étude.

A ce stade du débat, j’ai un peu de mal à en tirer une morale tant les faits sont complexes et contradictoires…

Je crois bien que je vais aller me faire un p’tit café ou un thé vert à la cardamone…Ça m’aidera peut être à y voir plus clair…

One thought on “Consommer 100% français, l’aventure ?

  1. Le reportage passe à la tv le 19 Mars et le journaliste est actuellement à 96,5% de Made In France.
    En tout cas c’est sur que le coût de l’achat français est un sérieux frein…

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